Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune

145 en 2010 ; 122 en 2011 ; 148 en 2012 ; 121 en 2013 ; 118 en 2014 ; 122 en 2015, 123 en 2016, encore 123 en 2017, 121 en 2018 ? 101 femmes depuis le 1e janvier 2019 en France (2 septembre 2019) , soit une femme tous les deux jours ! accélération ou meilleure visibilité ?

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

lundi 16 novembre 2015

Défi n°154 : "Pourquoi chercher midi à quatorze heures ?"

Votre humble moussaillon à la barre des CROQUEURS DE MOTS pour ce défi n°154.

Avertissement : j'ai programmé ce petit texte jeudi dernier.
J'en avais commencé la rédaction une semaine avant.
Le sens (et le non-sens) que je mettais dans ces mots
qui résonnent maintenant avec une force insoupçonnée
se voulait intemporel.Ils ne faisaient référence à rien en particulier.
J'ai hésité samedi à le maintenir en ligne
et j'ai vite opté pour son maintien.


Choisissez un mot ou une expression de quatorze lettres* (ou de neuf lettres) de votre choix. Ecrivez un texte à votre convenance (en prose ou en vers) de quatorze (ou de neuf) phrases, chaque phrase devant commencer par une lettre de votre mot choisi en les prenant dans l'ordre ou dans le désordre mais toutes les lettres doivent y être et seulement elles.

J'ai choisi un mot de neuf lettres que je vous donnerai en fin de texte.

Bien avant de comprendre qu'elle ne comprendrait jamais le monde, elle avait puisé sa quête de connaissance dans la lecture et les images, plus tard dans les films et le spectacle vivant, la musique aussi. Ophélie flottait depuis des siècles comme un grand lys parmi les roseaux pendant qu'Hamlet s'interrogerait pour la survie de sa lignée jusqu'à la nuit des temps. Une tache blanche sous le pinceau du peintre animait les eaux noires, symbolisant la mort, pour l'éternité, la mort absurde, sans explication. Si ses réflexions ne soulèveraient, à l'aune de son inexpérience, qu'un tout petit coin du voile, le supplément de savoir serait infime encore après tant d'années et de décennies vécues. Ses doutes jamais ne se mueraient en vérités, les questions appelant d'autres questions, les étonnements d'autres étonnements. Où boire à la source des évidences ? La vie semble-elle plus légère aux âmes simples ? Elle ne les enviait pas ; sans y mettre aucune arrogance, plutôt une infinie lassitude. Sa seule certitude, au-delà des évidences trompeuses, son  intuition, envisageait l'immensité, l'omnipotence de l'incertain.

Ophélie, esquisse, John-Everett Millais, 1852

Le mot qui m'a servi de support à cet exercice d'écriture est "boussoles".
Boussole, de Mathias Enard, est le titre du roman qui a reçu le prix Goncourt de cet automne 2015. Je ne l'ai pas lu.
Mais le mot m'a plu, sauf qu'il faisait 8 lettres. Qu'à cela ne tienne, pour me frayer un chemin dans ce monde si confus, il me faut bien plus d'un boussole et je l'ai donc mis au pluriel.

Les mots de mon petit texte font une étrange résonance aux terribles événements récents et prennent ici un sens beaucoup plus dense et épais et lourd que lorsqu'ils ont glissé sous mon stylo.

En illustration sonore :
Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Aragon, musique de Léo Ferré, chanté par Bernard Lavilliers

11 commentaires:

  1. Bravo Jeanne, comment ne pas mêler ce qui s'est passé ce W-E, pour ma part sans le faire exprès car programmé du lundi passé... Les hommes tout un programme, les bons avec les mauvais.... Moi non plus pas lu ce Goncourt 2015... merci, bon lundi Croqueurs, bises de JB

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  2. Très beau texte si bien écrit. Je comprends que tu aies été déboussolée après les attentats et que tu aies hésité à le retire mais cela aurait vraiment été dommage. J'ai participé, j'ai failli aussi retirer ma photo très politique qui illustre mon texte mais justement je l'ai gardée car c'est certain ces attentats vont exacerber le nationalisme, la peur de l'étranger. La vie continue. Elle peut s'arrêter à tout moment alors profitons en continuons à nous émerveiller de tout, à rire, à s’ouvrir aux autres avec tolérance,à partager, aimer, être résilient.

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  3. Cet écrit poétique est puissant et évocateur..
    A notre échelle, tâchons de demeurer les soldats au service de la Liberté en faisant, même de façon infime, notre part pour que les Hommes vivent ensemble au lieu de mourir.
    Affectueusement,
    eMmA

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  4. "L'omnipotence de l'incertain", une chute qui continue à interroger et continuera encore, c'est certain...

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  5. Bonjour Jeanne, quel beau texte littéraire tu nous offres pour ta propre participation à ton défi ! Ce n'est pas plus mal que tu l'aies terminé avant la catastrophe, moi j'étais toujours à cogiter. Je me disais que rien n'empêchait de mettre son mot au pluriel, en effet, tu l'as fait et de plus, c'est le titre du nouveau Goncourt (que je n'ai pas lu non plus, enfin pas encore). Et la résonance de ton beau texte se multiplie aujourd'hui, en effet. Merci beaucoup, bises !

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  6. Bonjour Jeanne,
    Un beau billet illustrant ce défi.
    Belle semaine
    Dominique

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  7. merci pour ton texte
    par sa densité, il montre que ce n'est pas si facile de vivre bien.
    Ton écriture est riche et tes connaissances vastes. La littérature est si vaste.
    Et merci pour cette chanson que j'apprécie beaucoup. Bises

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  8. Un très beau texte Jeanne ! Tu as bien fait de le laisser en ligne, il est encore plus parlant maintenant ! Bonne et douce semaine ! Bises♥

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  9. Tu as bien fait de le laisser en ligne, même si aujourd'hui je ne peux m'empêcher de l'interpréter à la lumière de ce qui s'est passé.
    Merci pour cette page, Jeanne.
    Bises et douce journée.

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  10. coucou Fadosi
    c'est étrange en effet... peut être une sensation en soi -comme une prémonition - qui a touchée également Jill Bill .... Peut être avons nous des antennes ?
    Texte qui touche fortement Merci de nous l'avoir partagé
    Bisous

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  11. Effectivement, ton texte prend un sens très fort à la lumière (si je puis dire) de ce qui vient de se passer . C'est étrange . bISES

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